L’association Biologie Prospective a une longue histoire derrière elle. Elle remonte à la toute fin des années 60 au cours desquelles ce que l’on appelait à l’époque la biologie clinique connut une expansion considérable due aux progrès conjugués des connaissances et de l’évolution des technologies. L’exercice professionnel était encore quasi artisanal et le métier de biologiste multifacettes : il lui était encore presque possible de maîtriser toutes les disciplines de la biologie et de l’organisation du laboratoire.
L’évolution de la science et l’arrivée encore lente de l’automatisation dans les laboratoires laissaient présager dès cette époque les futurs bouleversements. Il apparaissait nécessaire, pour assurer un développement ordonné de l’exercice professionnel, d’apporter aux biologistes de nouveaux services. C’est ainsi qu’émergèrent des groupes régionaux de contrôle de qualité tandis que la Société Française de Biologie Clinique et d’autres sociétés savantes œuvraient sur le plan national. La faculté de pharmacie de Nancy s’était déjà bien engagée dans cette voie du service à la profession sous l’impulsion de deux universitaires : les Professeurs Siest et Vigneron. Gérard Siest a lancé un laboratoire de techniques spéciales de biochimie, puis Gérard Siest et Claude Vigneron ont contribué à diffuser les innovations lors des premières Journées de l’internat en pharmacie de Nancy.
En 1970, la structuration de ces initiatives multiples devint une évidence et le dépassement du cadre local ou régional une nécessité pour partager les connaissances à une échelle plus vaste, nationale et internationale. L’association Recherche Biochimique (puis Biologique) et Pharmaceutique Lorraine (RBPL) naquit de ces réflexions. Elle regroupa toutes les actions initiées par Gérard Siest : les colloques de biologie prospective, la formation continue et le Club Région Est de Contrôle de Qualité (CRECQ). Le premier colloque « Biologie Prospective » eut lieu en octobre 1970, on peut dire qu’il fit prendre conscience à beaucoup de confrères biologistes de la révolution à venir grâce à l’automation (automatisation et informatisation), et de la nécessité d’assurer une qualité constante aux actes de biologie pratiqués. Le CRECQ a eu dès le départ une vocation régionale affirmée, il s’adressait aux biologistes du grand Est ; il fût piloté dès l’origine par le Professeur Maurice Pierfitte puis Yves Artur de l’Université de Nancy et Pierre Métais puis Georges Férard de l’Université de Strasbourg. Tous se sont attachés à conserver un caractère innovant ainsi que confraternel et pédagogique aux actions proposées. Enfin, une troisième action se développa dans les premières années de la décennie : la formation continue des professionnels des laboratoires, biologistes et techniciens.
En 1977, pour répondre à la complexité croissante de la réglementation, une association dénommée « Biologie Prospective » fût créée pour gérer spécifiquement les colloques « de Pont-à-Mousson ». L’esprit initial est conservé, les colloques de biologie prospective prennent véritablement une dimension internationale et deviennent un rendez-vous incontournable de la biologie clinique grâce à des programmes scientifiques innovants, à des participants nombreux, à la présence des leaders de la profession, de plusieurs prix Nobel et … il ne faut pas l’oublier grâce également au cadre inimitable de l’ancienne abbaye des Prémontrés de Pont-à-Mousson. Ce fût le début d’une longue série de colloques où l’on avait plaisir à se retrouver. Elle perdura jusqu’en 1996, année du dernier colloque de Pont-à-Mousson : les temps avaient changé. Gérard Siest poursuivit la tradition des colloques sous une forme totalement nouvelle : une thématique ciblée sur la génétique et le médicament et un lieu autre …. charmeur, l’île de Santorin. Autres temps, autres mœurs, autre public.
En 1998, les contraintes administratives ayant encore évolué, il fut décidé de fusionner les deux associations, Biologie Prospective et Recherche Biologique et Pharmaceutique Lorraine. Cette association reprit donc la gestion et l’animation des colloques de Santorin, du contrôle de qualité, de la formation continue et du soutien à la recherche.
Pendant tout ce temps, les autres activités créées au début des années 70 perdurèrent et se développèrent à leur rythme. Au départ d’Yves Artur en 1992, Jean-Pascal Siest reprit la gestion du contrôle de qualité et de la formation continue. Progressivement, l’organisation se professionnalisa et le champ d’action strictement régional s’étendit au plan national voire international tout en conservant ses attaches régionales. C’est ainsi que nos confrères de Champagne-Ardenne (ABCQCA) ont rejoint l’association Biologie Prospective.
A ce jour, la concentration de la profession de la biologie médicale impose de relever de nouveaux défis, le nombre de laboratoires étant en diminution drastique. L’association Biologie Prospective, consciente des nécessités de l’heure, noue des partenariats avec des associations sœurs et est l’un des animateurs actif de la FAEEQ (Fédération des Associations d’Evaluation Externe de la Qualité) afin d’anticiper et de préparer l’avenir.
En 2015, le Professeur Gérard Siest souhaite passer le relais et quitter la présidence de l’association dont il avait été un des fondateurs. C’est tout naturellement que celle-ci fut transmise à Jean-Pascal Siest qui portait la responsabilité des deux activités principales depuis 1992 : contrôle de qualité et formation continue.
En 2016, après la disparition de Gérard Siest, l’organisation des colloques de Santorin a été reprise par ailleurs.
Biologie Prospective fait partie de la vie de la biologie médicale en Lorraine, en Alsace et plus généralement en France, voire à l’étranger notamment au Maroc. Ses dirigeants ont su tenir compte des réalités du moment, se sont adaptés aux contraintes, aux besoins et se sont orientés vers de nouvelles pistes pour servir, toujours mieux, une biologie au service des patients.